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Le 84ème RI 1914-1918
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12 décembre 2008

Vieil-Arcy le 15 novembre 1914: coup au but de l'artillerie allemande.

 

 

 

 

 

Le 15 novembre 1914, trois obus allemands faisaient une cinquantaine de victimes au 3ème bataillon du 84ème RI.

Au début du mois de novembre le 84e RI se trouve dans le secteur de Soupir et Pont-Arcy. Le 6 novembre, avec les 1er et 123e RI, le 84e RI est en soutient de l'attaque menée par le 2e régiment de tirailleurs, le 1er régiment de zouaves et le 8e RI sur Soupir et le terrain au nord du village. L'objectif est de reconquérir le terrain perdu depuis plusieurs jours par la 69e Division d'Infanterie de Réserve.

 

Le soir même, 6 compagnies (1, 2, 3, 4, 11 et 12) sont envoyées au cantonnement à Vieil-Arcy. Les jours suivants, les compagnies se relayent sur le front et vont par roulement au repos à l'arrière. A partir du 13 novembre à 1h du matin, tout le régiment cantonne à Vieil-Arcy. La 11e compagnie cantonne dans une ferme proche de l'église à l'exception de la 1ère section qui se trouve dans une maison inhabitée juste en face. La journée est consacrée au repos et à diverses tâches de nettoyage. Le régiment reçoit un renfort de 500 hommes, 2 officiers et un sous-officier pour combler les pertes. Le lendemain une messe est célébrée à 7h30 en l'honneur des hommes tombés à Soupir et notamment le commandant SIMON du second bataillon, tué le 8 novembre d’une balle en plein front lors de la relève d’un bataillon de tirailleurs. A 10h quelques obus de gros calibre tombent sur les lieux de cantonnement et font 2 blessés. Le reste de la journée se passe dans le calme.

Le 15 novembre, le régiment est toujours au repos au même endroit. Il est bombardé à plusieurs reprises sans dégâts. Comme les jours précédents, le temps est mauvais et la pluie détrempe le terrain. Un nouveau renfort de 300 hommes et 3 officiers arrive en fin d'après-midi. A 21h, 3 obus de 380 tombent à nouveau sur Vieil-Arcy. Cette fois-ci le tir est ajusté et deux de ces obus tombent dans deux maisons qui s'effondrent sur la 3ème section de mitrailleuses, la première section de la 11e Cie et quelques hommes de la 10e Cie. Aussitôt les secours s'organisent. A la 1ère section de la 11e Cie, sur 42 hommes seuls 9 réussissent à se dégager seuls et ne souffrent que de quelques égratignures. Onze autres, grièvement blessés, sont retirés des décombres ainsi que quelques morts. Au total une quinzaine de blessés sont immédiatement évacués. L'instabilité des bâtiments et l'obscurité empêchent les secours de dégager tous les corps.

Trois heures plus tard, à minuit, deux autres obus tombent dont un dans une maison occupée par les hommes d'une section de la 10e Cie. On dénombre 31 morts et 11 blessés. Les secours font ce qu'ils peuvent toute la nuit. Par chance, le second obus est tombé sans exploser près de la 11e Cie déjà éprouvée à 21h.

 

Le jour venu, les secours, aidés par une compagnie du génie arrivée en renfort, déblaient les décombres pour en extraire les corps. Il faudra 10 heures pour sortir tous les corps de la maison occupée par la 1ère section de la 11e Cie. A 17h, avant de quitter le village pour aller relever le 1er RI en première ligne, le régiment enterre une cinquantaine d'hommes morts dans ces maisons dans une fosse commune, à l'exception de l'adjudant et du sergent-major de la 10e Cie qui bénéficient d'une tombe particulière.

Dans la liste des morts du régiment à la date du 15 novembre 1914 figurent:

(Cliquer sur le nom pour être dirigé vers la fiche Mémoire des Hommes)

Sergent BERLEMONT Edouard
Sergent HAZARD Fernand
Sergent PREUVOT Henri
Caporal BRUNET Charles
Caporal HUART Roméo
Caporal PELSET Jean-Baptiste
Caporal SAGET Gabriel
Caporal SAMBOURG André
Soldat ALLART Alfred
Soldat BERNARD François
Soldat BIEGEL François
Soldat BONTANT Armand
Soldat BUCAMP  François
Soldat CARION  Emile
Soldat COURMONT Jules
Soldat DELMEIRE Henri
Soldat DELPLAN Léon
Soldat DEMAREST Léon
Soldat DERON  Firmin
Soldat DOYENNETTE Alfred
Soldat DURAND  Turenne
Soldat DUTOIT  Henri
Soldat FLEURY  Emile
Soldat HONORE  Oscar
Soldat HOUSSIERE Charles
Soldat LAGASSE  Alfred
Soldat LAUMONT  Louis
Soldat LEFEBVRE Léon
Soldat LEGRU  Paul
Soldat LEMAIRE  André
Soldat LIBAN  Gaston
Soldat LOUIS  Vilmer
Soldat LUCAS  Raphaël
Soldat MEUNIER  Alfred
Soldat MOUQUET  Emile
Soldat RAVET  Edéze
Soldat SABIN  Adolphe
Soldat SINNEVILLE Maurice
Soldat TAFFIN  Albert

Source:

 

Le JMO du régiment le 15 novembre 1914.
Mémoire des Hommes.

(Edit le 31 oct. 2022)

Parmi les blessés, figure Constant MEUNIER de la 11ème compagnie. Blessé par des éclats d'obus au bras et au pied gauche, à la poitrine et à la tête, il est d'abord conduit à l'ambulance N° 14 de Jonchery sur Vesle où il est amputé au niveau de l'épaule gauche. Le 6 janvier 1916, il est tranféré à l'hôpital temporaire 74 de Clermont-Ferrand. Il en sort le 19 mars pour rejoindre le dépôt de convalescents de la ville où il reste jusqu'au 1er juillet 1915.

Il est décoré de la Croix de Guerre et de la Médaille Militaire  en juillet 1915, cité en ces termes:

"soldat à la 11ème compagnie du 84e régiment d'infanterie, matricule 04363: a été grièvement blessé le 15 novembre 1914, au cours d'un violent bombardement. A dû subir la désarticulationde l'épaule gauche. Bon soldat dont la manière de servir n'a jamais laissé à désirer."

Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur en août 1932.

Source:

- Fiche matricule de Constant MEUNIER.

- Journal Officiel du 1er août 1915.

- Journal Officiel du 11 septembre 1932.

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Commentaires
R
Bravo à Benoît pour ses recherches fouillées et la clarté de son exposé. Avec ce genre de travail, nous entrons dans l'Histoire vivante.<br /> <br /> J'ajouterai que mes recherches récentes m'ont fait découvrir deux cousins français de Léon Delplan,qui ont payé de leur vie l'absurdité et l'horreur de la Grande Guerre: <br /> -Fernand (Ferdinand)Delplan fut "tué à l'ennemi" au tout début de la guerre : à Maubeuge nord<br /> (345ème R.I); il avait 30 ans;<br /> -Henri Delplan,frère du précédent, meurt "des suites de blessure, dans l'ambulance",le 19 janvier 1915, à Saint-Jean sur Tourbe, dans la Marne ( sergent au 127 ème R.I.): il venait d'avoir 25 ans...". <br /> <br /> Quant à la lignée belge de la famille, elle compte un 4ème poilu, petit-cousin des précédents, Moïse Delplan, caporal 9ème R.I. de Ligne tombé dans l'enfer de la reconquête de Torouth Tielt,offensive finale de libération de la Belgique en octobre 1918, à Winckel ST ElooÏ, à un mois de l'armistice: il avait 28 ans...<br /> <br /> Avec ces 4 membres d'une même famille, c'est le déroulement de la guerre qui s'inscrit dans notre histoire.<br /> <br /> "Je trouve la guerre haïssable, mais bien plus, ceux qui la chantent sans la faire."<br /> ( Romain Roand, 30/10/1914.)
Le 84ème RI 1914-1918
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